Après une longue et riche histoire commencée en 1978 sous l’ère Poch, Lada France ferme définitivement ses portes en France. Explications, en exclusivité pour Boîtier Rouge
L’information nous a été communiquée ce matin par une source interne à Lada: la société Lada France ferme définitivement ses portes. Suite au passage ce matin même au tribunal la société vit ses dernières heures. Dès demain matin plus personne ne répondra au téléphone, qui avouons le ne sonnait plus beaucoup ces derniers temps. Il était déjà loin le temps du flamboyant Poch (lire aussi : Jacques Poch).
Beaucoup d’entre vous seront peut être surpris d’apprendre que Lada était encore présent sur notre territoire. Pourtant malgré une première fermeture de quelques mois en 2009, le structure avait repris suite à un déménagement à Coignières, dans les Yvelines. Mais Lada n’est pas un constructeur comme les autres. Si l’après vente et la fourniture de pièces détachées continuent depuis à être assurés, la maison mère n’envoyait plus de véhicules neufs à sa filiale.
Il y a un an nous faisions avec Paul un ultime pèlerinage dans le dernier garage de la marque encore en activité en Île de France. Daniel, le patron nous expliquait alors les difficultés à représenter une marque qui n’a rien à vendre (lire aussi : Lada Ivry).
À qui profite le crime ?
En Russie la marque à repris des couleurs sur un marché Russe en complète dégringolade depuis des années. Quand Bo Andersson avait été nommé par les actionnaires à la tête du constructeur, l’ambition était claire. Lancer de nouveaux modèles aux standards européens, faire du clair à l’usine, investir dans un outil de production performant et rationalisé et relancer les exportations. A commencer par le marché européen. Si il a eu le temps de lancer les nouvelles Vesta et X-Ray, de faire baisser les effectifs et de mettre sous pression les fournisseurs, il n’a pas eu l’occasion de finir le travail (voir article : Bo Andersson entre le marteau et l’enclûme).
Limogé sans préavis sous la pression du Kremlin, Bo Andersson a quitté la Russie et Renault a repris le pouvoir. En nommant Nicolas Maure, ancien patron de Dacia, à la tête du constructeur, les projets d’exportation vers l’Europe ont subitement disparus.
Renault ne souhaitant pas mettre des bâtons dans les roues de Dacia, plus question d’envoyer les Vesta, Niva ou X-Ray en Espagne, Italie, ou en France. Le seul importateur encore actif sur le territoire européen étant Lada Allemagne. Aux dernières nouvelles Avtovaz, la maison mère ne répond même plus aux courriers et mails de l’importateur Lada Deutschland. On me fait remarquer chez Lada France que chez eux aussi “ça a commencé comme ça”.
En France le discours de Lada France était “on attend des nouvelles de la maison mère” ou encore “on ne peut pas vendre le Niva avec un malus de 10 000 euros” (lire aussi : Lada Niva). Pourtant la gamme moderne présente en Russie aurait eu sa place en France. Chez Renault qui a repris le contrôle total d’Avtovaz depuis le rachat des parts de Nissan, on en a décidé autrement.
Un rebondissement possible ?
Et si tout cela n’était que l’ultime étape avant un vrai nouveau départ ? Dernièrement Avtovaz a nommé une nouvelle directrice des exportations “lointaines”. Transfuge de chez Citroën celle ci est chargée de relancer Lada en Europe. Pour l’instant le plan prévoit la Slovénie, la République Tchèque ou peut être même la Belgique via l’importateur Alcopa. Mais qu’en sera t’il dans un ou deux ans quand ces filiales seront en place ?
L’avenir nous dira si la fin de Lada France n’était qu’une étape avant un vrai retour Européen des voitures Russes avec de vrais moyens et des ambitions revues à la hausse. En attendant, des demain matin vendredi les salariés de Lada France seront au chômage. Nous leur adressons tout notre soutien.